WORLD STAGE

Lokeren Festival (Belgique) 06/08/2007
Par Eric Ouaknin

...........

Le concert de PRIDE OF LIONS, 2 ans auparavant, avait été une telle réussite (il avait même fait l’objet d’un DVD), que les organisateurs ont eu envie de remettre ça en 2007. Pour ne pas se répéter, il fallait apporter quelque chose de différent et d’attractif pour cette nouvelle édition du « Lokerse Feesten ». Luk De Rover, qui avait été à l’origine de la venue de THE SIGN en 2001 et 2004, TALISMAN en 2003, EUROPE en 2004 et PRIDE OF LIONS en 2005, entre autres, a eu la géniale idée de faire revenir Jim Peterik sous le nom de WORLD STAGE, cette fois-ci. Jim Peterik, qui avait pris un tel pied à jouer sur cette scène belge ne pouvait pas refuser une telle offre. Mais que se cache t-il derrière ce projet WORLD STAGE, vous demandez vous ? Tout simplement les musiciens de PRIDE OF LIONS, au grand complet, comme épine dorsale, auxquels viendront s’ajouter tout au long de la soirée quelques invités parmi les plus prestigieux de la scène « A.O.R/Melodic-Rock ».

L’alternance pluie/éclaircies, durant toute cette journée de ce 6 août, nous a fait craindre un possible concert arrosé ; fort heureusement, les dieux ont décidé d’être cléments et c’est sous un temps sec que les musiciens de PRIDE OF LIONS, soutenus par 2 choristes de luxe, Thom Griffin (ex-Trillion, Ambition) et Lisa McClowry (qui a chanté sur l'album solo de Jim Peterik "Above The Storm") nous balancent 3 titres de leur répertoire : "It's criminal", "Gone" et "Heaven on earth" (tiré du tout dernier album "The Roaring Of Dreams"). Toby Hitchcock est le plus jeune et le moins expérimenté des chanteurs présents ce soir, mais avec un tel organe vocal, il mérite largement sa place parmi les seigneurs qui l’entoureront bientôt.

Le 1er invité que nous présente Jim est Kevin Chalfant qui apparaît vêtu d’une chemise rouge pour interpréter « River of destiny" de TWO FIRES. Nous avions eu l’occasion de voir chanter Kevin lors des Gods 2000 en compagnie de TWO FIRES (en fait un groupe monté de toute pièce comme celui de ce soir dont Jim Peterik et Kelly Keagy avaient d’ailleurs fait partie) ; 7 ans après, la voix de l’actuel chanteur de SHOOTING STAR n’a pas bougé d’un poil comme en témoigne sa performance irréprochable sur les standards de THE STORM ; "Show me the way" "I 've got a lot to learn about love".

..........

Kip Winger, qui succède à Kevin Chalfant, va donner un ton résolument plus rock à la scène en nous assénant un "Headed for a heartbreak" tonitruant! Grande première, Kip Winger, que j’ai personnellement toujours vu armé soit d’une basse au sein de WINGER ou d’une guitare acoustique 12 cordes lors de ses sets solos, n’a rien dans les mains. C’est le chanteur qui se présente devant nous. 2ème surprise, Winger enchaîne avec "Kiss of life", tiré de l’album « This Conversation Seems Like A Dream », qu’il n’avait pas joué une seule fois lors de son “siège” de 2 semaines au Chesterfield Café en 98 malgré une set list différente chaque soir. Ce morceau, riche en arrangement, nécessite un groupe au grand complet ; c’était donc l’occasion de le jouer ce soir avec les musiciens de PRIDE OF LIONS à son service ! L’acte III prend fin avec le classique "Seventeen", qui maintient le ton rock jusqu’au bout. Notons que Mike Aquino, qui devait taper le solo de Reb Beach, s’en est très bien sorti.

Avec l’entrée en lice de Jimi Jamison, il était légitime de se faire la réflexion suivante : Ce que nous avons sous les yeux, ne ressemble t-il pas plus à SURVIVOR que le groupe de Frankie Sulivan qui en a conservé le nom ? Avouez qu’un line-up composé de Jimi Jamison, flanqué, entre autres, de Jim Peterik, Mike Aquino et Toby Hitchcock, a meilleure allure qu’une paire Sulivan-McAuley !

...............

C’est d’ailleurs Jimi Jamison qui va ramener le public, complètement perdu avec le répertoire de WINGER, en terrain connu avec "Burning heart" (B.O. Rocky oblige). Si la présence de Jimi nous fait chaud au cœur, (n’est-ce pas un chanteur majeur dans l’histoire de l’AOR ?), nous sommes malheureusement obligés de constater que le chanteur de SURVIVOR (le vrai !) a beaucoup perdu de ses capacités. Cependant, rien n’est laissé au hasard, et Toby Hitchcock est là pour prêter main forte à Jimi et pallier à ses faiblesses, notamment sur les parties hautes. Comme pour tous les autres invités, Jimi a encore droit à 2 chansons pour s’exprimer ; c’est donc 2 autres brûlots du « Survivant », "The search is over" et "I can't hold back" (du légendaire album « Vital Signs ») qui sont interprétés. Quelle soirée mes amis !!!

Nous connaissions déjà le talent vocal de Kelly Keagy puisque le batteur de NIGHT RANGER partage le chant avec Jack Blades au sein du groupe mais tout comme Kip Winger, c’est la première fois que je le vois apparaître « à découvert » puisque les fûts sont déjà occupés par Ed Breckenfeld. Si la posture scénique de notre homme n’est pas bien assurée, la voix est, quant à elle, bien au rendez-vous. Que ça soit avec l’énergique « I’m Alive » (tiré de son dernier CD du même nom) ou la ballade Sister Christian, Kelly est à l’aise dans tous les domaines. Ce type, tout comme Deen Castronovo de JOURNEY, chante mieux que 60% des chanteurs dont c’est le poste officiel ; il est à ranger dans la catégorie des extra-terrestres!

....................

Si une foule conséquente assiste aux concerts proposés chaque soir pendant les festivités de Lokeren, seule une infime poignée est concernée par le groupe qui joue, ce que semblait ignorer Kelly. Aussi Kelly a dû se sentir bien seul lorsqu’il a introduit Sister Christian en demandant à l’assistance de chanter avec lui puisqu’il ne faisait aucun doute dans son esprit que tout le monde connaissait ce hit ! Ce grand moment de solitude en aurait désarmé plus d’un, mais en grand professionnel Kelly est resté maître de la situation et « l’affront » fut vite réparé lorsque tous les chanteurs invités précédemment reviennent pour participer à une jam tout bonnement magique. Imaginez un peu Toby Hitchcock, Kevin Chalfant, Kip Winger, Jimi Jamison et Kelly Keagy réunis sur une même scène et reprenant le tube de NIGHT RANGER « Don’t tell me you love me » ; nous aurions pu à peine le rêver, Jim Peterik et Luk De Rover l’ont rendu possible. Bien que condamné à les reproduire seul, Mike Aquino s’est très bien débrouillé avec les soli, à l’origine joués par les tueurs Brad Gillis et Jeff Watson.

........

Tout comme il y a 2 ans, Jim décide de descendre de la scène pour prendre un petit bain de foule en arpentant l’allée qui sépare en deux l’aire des spectateurs. Kelly Keagy et Toby Hitchcock ne tarderont pas à lui emboîter le pas. Jim n’a que faire du poids des ans, ce soir Peter Pan s’amuse comme un fou et personne ne l’arrêtera. "Eye of the tiger", repris en cœur par tous les musiciens sur scène, sera le bouquet final. Fatigue due au décalage horaire ? Oubli des lyrics? Toujours est-il que Kip Winger semble marquer moins d’intérêt à chanter sur le final. Peut être voulait il humblement s’effacer au profit des musiciens qui étaient sous les lumières à ce moment là.

.....

Un concert exceptionnel et pour seulement 10 euros !
Luk, que nous réserves-tu pour l’année prochaine ?